COMPÉTENCES DE VIE ET EMPLOYABILITÉ POUR LA JEUNESSE
- EmployabilitéJeunesseSociété
- 6 mai 2025
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La jeunesse fait l’objet de toutes les attentions à travers le monde d’autant plus qu’elle peut constituer un atout ou un défi économique et social. Nombreux sont les pays qui en ont pris conscience et œuvrent à mettre en place des politiques et programmes susceptibles de produire les fruits du dividende démographique avec l’appui du Système des Nations-Unies.
La stratégie Jeunesse 2030 lancée par le Secrétaire Général des Nations Unies en 2018 reconnaît le rôle essentiel des jeunes dans la promotion de sociétés durables, inclusives et pacifiques, ainsi que l’importance de leur engagement dans les processus d’élaboration des politiques et de prise de décision, y compris à l’ONU. La stratégie envisage un monde où les droits humains de chaque jeune sont respectés, lui donnant les moyens d’atteindre son plein potentiel et reconnaissant sa résilience et ses contributions positives en tant qu’acteurs du changement.
Des préoccupations en lien avec l’agenda 2063 de l’Union Africaine duquel découle la Charte africaine de la jeunesse, le Plan d’action de la Décennie de la jeunesse et la Décision de Malabo sur l’autonomisation des jeunes.
Alignée sur la réforme des Nations Unies, la stratégie précitée garantit une approche coordonnée et globale du travail de l’ONU en faveur de la jeunesse et de la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD). Elle est actuellement implémentée par 55 entités des Nations-Unies et 132 équipes de pays des Nations-Unies dans le monde.
En République du Congo, l’année 2024 a été proclamée « Année de la Jeunesse » par le Chef de l’État et mise en œuvre par le Gouvernement. Thématique transversale, la réponse aux préoccupations de la jeunesse appelle une coordination et une collaboration exemplaires des différents acteurs nationaux et internationaux impliqués dans cet agenda dans le pays.
S’appuyant sur le Plan-cadre des Nations Unies pour l’Assistance au Développement (UNDAF révisé) 2022-2026, les agences des Nations-Unies ont défini six pôles d’action prioritaires. Les interventions correspondantes ont été identifiées en concertation avec un groupe de jeunes, afin de garantir leur pertinence et leur ancrage dans les réalités de la jeunesse du pays. Il s’agit de (1) Développement des compétences de vie ; (2) Services de santé pour les ados et jeunes ; (3) Employabilité ; (4) Délinquance juvénile ; (5) Politique nationale de la jeunesse et (6) Mobilisation des partenaires au développement.
Parmi ces pôles, compétences de vie et employabilité occupent une place centrale, en raison de leur complémentarité dans le processus d’autonomisation des jeunes. LES COMPÉTENCES DE VIE englobent un ensemble de savoir-être et de compétences transversales – telles que la communication, la pensée critique, la gestion des émotions ou la confiance en soi – qui permettent aux jeunes de faire face aux défis du quotidien, de s’adapter aux mutations du monde du travail et de prendre des décisions éclairées.
L’EMPLOYABILITÉ, quant à elle, fait référence à la capacité d’un individu à accéder à un emploi, à s’y maintenir et à évoluer dans sa carrière, tout en s’adaptant aux changements du marché du travail. Elle repose sur l’acquisition de compétences techniques et professionnelles, mais également sur l’apprentissage tout au long de la vie. Or, si les compétences techniques sont indispensables, elles ne suffisent plus : les employeurs recherchent aussi des aptitudes humaines et comportementales – autrement dit, des compétences de vie – encore trop souvent insuffisamment développées chez de nombreux jeunes. Ces deux dimensions sont donc étroitement liées.
INTÉRESSONS-NOUS À CERTAINS RÉSULTATS OBTENUS EN 2024 DANS CES DEUX DOMAINES PRIORITAIRES PAR LE SYSTÈME DES NATIONS-UNIES ET LA BANQUE MONDIALE.
En compétences de vie :
▪️ 312 jeunes dont 139 filles renforcés en compétences à l’employabilité et au numérique au cours de deux ateliers organisés à l’occasion de la journée mondiale des compétences de jeunes le 15 juillet 2024 et de la journée internationale de la jeunesse le 12 août 2024. Par ailleurs, 81 adolescents dont 39 filles y compris des enfants réfugiés et ceux vivant avec handicap ainsi que des députés juniors ont participé à un atelier de co-création sur les droits de l’enfant à l’occasion de la célébration jumelée de la Journée de l’Enfant Africain (16 juin) et de la Journée Mondiale des réfugiés (20 juin).
▪️ Réalisation d’une cartographie des initiatives innovantes en matière de compétences pour l’emploi des jeunes et l’organisation de la table ronde Youth Connekt Congo sur les innovations dans la formation des jeunes.
▪️ Simulations de trois briefings diplomatiques par 50 élèves du lycée en présence du corps diplomatique en partenariat avec le Ministère des Affaires Étrangères et des Congolais de l’Étranger. Simulation d’une session de l’Assemblée Générale des Nations-Unies sur les Objectifs de développement durable (ODD) avec 350 élèves du lycée de la Révolution en partenariat avec le Ministère de la Jeunesse, des Sports, de l’Education civique et de la Formation qualifiante.
La Banque mondiale finance le Projet de Protection Sociale et d’Inclusion Productive des Jeunes (PSIPJ), qui est en train de développer des modules spécifiques en compétence de vie, qui seront administrés à 45.000 jeunes bénéficiaires du projet, entre 2025 et 2026. Une première campagne d’inscription des jeunes potentiels bénéficiaires a eu lieu en octobre, novembre et décembre 2024 à Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie et Ouesso. Une deuxième campagne est prévue pour le 2e semestre 2025.
Dans l’employabilité, les résultats notables sont les suivants :
▪️ 2440 jeunes demandeurs de stage enregistrés au lancement du programme d’insertion socio-professionnelle des jeunes à travers le placement en stage (STAGI). En phase expérimentale, 5 jeunes sur 10 placés en stage ont pu signer un contrat d’emploi dans des entreprises privées et parapubliques.
▪️ 200 jeunes étudiantes renforcées en capacités sur les techniques liées à la recherche d’emploi et d’entrepreneuriat. 300 autres jeunes filles mises en réseau dans le cadre de l’objectif parités. Mise en œuvre en partenariat avec le Ministère en charge des Petites et Moyennes Entreprises du projet « un jeune, une entreprise » qui dans sa première phase a permis d’appuyer la formalisation de 1 000 entreprises portées par les jeunes.
En marge de la Conférence Internationale sur l’Afforestation et le Reboisement (CIAR), il a été organisé un Hackathon sur les innovations sur la protection de la forêt et de son écosystème. Cette compétition a permis d’encadrer 40 jeunes innovateurs et de les mettre en incubation pour faciliter le processus de prototypage de leurs solutions.
Le projet PSIPJ (Banque Mondiale) prévoit entre 2025 et 2026 de toucher 45.000 jeunes âgés de 18 à 35 ans (dont au moins 60% de jeunes filles) à travers : (1) des formations à l’auto-emploi pour 40.000 jeunes, consistant en formation en micro-entrepreunariat complétées par des modules en compétences de vie et des modules sur le changement climatique ; (2) des formations par apprentissage pour 5.000 jeunes dans des métiers porteurs, complétées par des modules en compétences de vie et les changements climatiques.
Ajoutons à ces initiatives, le lancement de l’Etude sur le système de formation et les besoins en compétences dans le secteur agricole, en vue de l’adéquation entre l’offre de formation et les réalités du marché du travail, en particulier dans les chaînes de valeur agricoles. Le lancement des formations de 20 enseignants issus des centres de formation du secteur agricole, afin de les outiller sur les méthodologies TRIE (Trouvez votre idée d’entreprise) et CREE (Créez votre entreprise) a permis de préparer ces enseignants à accompagner les jeunes dans leur parcours entrepreneurial, en les aidant à transformer leurs idées en projets d’entreprise concrets et viables. 100 jeunes seront accompagnés d’ici le mois de mai 2025.
Ces résultats présentés au Ministre de la Jeunesse par l’Equipe pays en début d’année, ont encouragé les deux parties à décider de la signature d’un Plan de Travail Annuel pour la jeunesse en 2025. Les interventions clés PTA devraient porter, entre autres, à l’appui à l’opérationnalisation du centre de réinsertion d’Aubeville, la finalisation de la politique nationale de la jeunesse et l’élaboration d’un référentiel des compétences pour les adolescents et jeunes surtout ceux en dehors de l’école.
Ces actions constituent un pas important vers une meilleure inclusion des jeunes dans le développement du pays. Il s’agira désormais de capitaliser les acquis, de les renforcer à l’échelle nationale, et d’assurer leur pérennisation, pour que la jeunesse congolaise puisse pleinement jouer son rôle de moteur de transformation./-
Abdourahamane DIALLO, Coordonnateur Résident des Nations-Unies.