Le CAD présente un rapport alarmant sur les violations des droits humains au Congo
- Droits humainsJustice
- 8 décembre 2024
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Dans un nouveau rapport sur les droits humains en République du Congo présenté à Brazzaville, le 6 décembre 2024, au Centre d’informations des Nations-Unies, le Centre d’Action pour le Développement (CAD) s’alarme du nombre de violations notées dans le pays, qui cette fois-ci a passé un cap supplémentaire. Après ses enquêtes et analyses, cette ONG a enregistré en 2024 8.216 violations des droits humains, alors qu’elles étaient à 2.092 l’année dernière (2023). Ces chiffres répertoriés dans ce rapport annuel ont été annoncés lors d’une conférence de presse animée par le Directeur exécutif du CAD, Trésor NZILA et Joe WASHINGTON EBINA, lui aussi activiste des droits de l’homme au Congo. Au regard de ces multiples atteintes au droit à la vie, torture, mauvais traitements et impunité, l’ONG a formulé deux cents quarante quatre (244) recommandations aux pouvoirs publics du pays en vue d’une amélioration considérable de la situation. Mais deux cent trente et deux (232) ont fait l’objet d’une acceptation par le Gouvernement.
Pour les conférenciers, ces violations sont manifestées à la fois, par un usage disproportionné de la force publique, et par la multiplication des intimidations et arrestations, surtout avec l’opération “Coup de poing” qui a montré ses limites.
Pour Trésor NZILA, les arrestations et détention arbitraires sont en augmentation respectivement de 711% et 670% comparativement à l’année passée. Les forces de l’ordre ont continué à entretenir un climat de terreur dans le pays. Entre atteintes à l’espace civique, les droits humains des défenseurs et journalistes inquiétés dans l’exercice de leur travail, dans des conditions de pression illégale, disparition forcée a augmenté de 200%, promiscuité des prisons occasionnant parfois des pertes en vies humaines suite aux traitements inhumains, la pauvreté et les inégalités, les défaillances du système de santé ; le fossé est grand.
« Les violations sont nombreuses. Elles concernent l’espace physique, les arrestations, les détentions arbitraires, la torture, les exécutions extrajudiciaires, les disparitions forcées, la situation dans les prisons, qui pour nous, est une honte pour le Gouvernement puisqu’elle est effroyable », a fait savoir Trésor NZILA, Directeur exécutif du CAD.
A propos de l’opération “Coup de poing”, Joe WASHINGTON EBINA a souligné que celle-ci doit s’arrêter afin de laisser la liberté à ces jeunes de vivre leur vie en vue de s’épanouir, sans pour autant que ces jeunes posent des actes déplacés.
« Nous avons constaté qu’il y a des jeunes qui ont peur de se balader, parce qu’ils sont habillés d’une certaine manière , parce que certains, par rapport à leur style, leur liberté, ont des tatouages, des locks qui ne sont pas acceptés. Tout ça ce sont des violations qui ont montré leur limite », a-t-il jugé.
A cette cérémonie de présentation de ce rapport annuel par le CAD, quelques parents des victimes des abus de l’opération Coup de poing ont marqué leur présence où ils ont eu droit à la parole. Ces derniers ont expliqué qu’ils n’avaient pas le droit d’aller voir leurs proches arrêtés pendant cette opération.
« Au-delà de ça, nous vous rappelons que la police et la gendarmerie ont un rôle de protection des personnes et des biens. Pourquoi ne pas continuer à jouer leur rôle de protecteur ? Au lieu de voir une opération qui malheureusement aujourd’hui a créé le traumatisme au sein des familles. Cette opération a démontré une violation même de la présomption d’innocence », a laissé entendre Joe WASHINGTON EBINA.
Les enquêtes du CAD se sont tenues dans 17 localités réparties en 7 départements, tels que la Sangha, le Niari, la Lékoumou, les Plateaux, le Kouilou, Pointe-Noire et la Cuvette-Ouest. Ces enquêtes ont prouvé qu’il y a eu de multiples entailles dans l’exercice des libertés fondamentales enregistrées au cours de l’année 2024 qui ne font que renforcer les inquiétudes quant au recul des libertés civiques au Congo Brazzaville depuis plusieurs années maintenant.