Radiation de partis, arrestations, intimidations au Congo : Le CAPGED dénonce une démocratie sous menace à l’approche de la présidentielle 2026.
- Société
- 28 juillet 2025
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À huit (08) mois de l’élection présidentielle prévue en mars 2026, le climat politique en République du Congo suscite de vives inquiétudes. Le Consortium des Associations pour la Promotion de la Gouvernance Démocratique et de l’État de Droit (CAPGED) a tiré la sonnette d’alarme lors d’un point de presse tenu ce samedi 26 juillet à Brazzaville. En présence de plusieurs organisations membres, dont l’OCDH, le CDHD, RAS LE BOL, le FGDH et l’ARPA2DH, la coordination du Consortium a dénoncé « une répression systématique de l’espace civique et démocratique », c’est-à-dire « la multiplication systématique et de plus en plus exacerbée d’actes arbitraires, de violations des droits humains, et de restrictions graves des libertés fondamentales, politiquement motivées de la part du Gouvernement et/ou de ceux qui agissent en son nom en République du Congo », pouvait-on lire dans la note de position du Consortium.
Landry BOUMBEYA, de RAS LE BOL, n’a pas mâché ses mots, pointant du doigt des pratiques jugées de plus en plus autoritaires : arrestations arbitraires, intimidations contre des journalistes, suspension de partis politiques, et restrictions croissantes contre la société civile.
Parmi les faits les plus récents, le CAPGED a évoqué l’arrêté ministériel du 30 juin 2025 jugé discriminatoire qui a radié plusieurs formations politiques créés et dûment enregistrées depuis plus de 30 ans (dont certains sont membres du Rassemblement des Forces du Changement), sous prétexte d’une absence de représentativité dans tous les départements du pays.
« Cette mesure administrative, en l’état constitue une restriction injustifiée et disproportionnée à l’exercice des droits politiques. Il compromet visiblement les fondements du pluralisme politique, et crée un précédent inquiétant pour la liberté d’association et la libre expression des opinions politiques. Ces dérives traduisent une volonté délibérée d’étouffer le débat public, de criminaliser la vraie opposition politique, d’intimider les citoyens et d’instaurer une peur collective pour neutraliser toute velléité de contestation. » a indiqué le Consortium. Une attitude qui vise, selon lui, à affaiblir l’opposition et à verrouiller le jeu démocratique.
Le cas de Maître Bob Kaben MASSOUKA, avocat au barreau de Brazzaville, interpelle également. Enlevé et incarcéré sans accès à un avocat ni à sa famille pendant plus de dix jours à la CID, il est accusé d’“atteinte à la sûreté de l’État”. Selon le CAPGED, il s’agit d’un exemple emblématique d’acharnement judiciaire contre les proches de l’opposition, notamment ceux liés à Cedric Castellin BALOU, un des responsables du parti PA.PE., pourtant résidant à Brazzaville mais que le Procureur de la République, près le Tribunal de Brazzaville, a cité comme résidant à l’étranger.
Les journalistes ne sont pas épargnés. Le Consortium a cité le cas de Rosie Pioth, correspondante de France 24, menacée suite à la publication le 7 juillet dernier de son enquête sur un attentat de l’aéroport Maya-Maya remontant à 1982.
« Ces pressions exercées sur les journalistes libres illustrent une fois de plus une volonté manifeste de contrôler l’information et de museler la presse indépendante, pilier fondamental de toute démocratie. » ont fait savoir les membres du Consortium.
Face à la situation préoccupante des droits humains et du recul des libertés fondamentales, le CAPGED a fait quelques demandes :
AU GOUVERNEMENT :
À défaut de preuves tangibles et convaincantes de relaxer de Maitre Kaben MASSOUKA et l’abandon de la procédure engagée contre lui, ou bien d’ouvrir dans les meilleurs délais un procès équitable d’autant que le Procureur de la République se prévaut, sans preuve, de la notion de flagrance pour justifier l’arrestation illégale, l’enlèvement de Me MASSOUKA; de relaxer Monsieur et Madame POATY Darelle Kali, POATY Armel et leur collègue ; de respecter la liberté de la presse et de prendre des mesures visant à renforcer la protection des journalistes ; de réintégrer les partis politiques injustement exclus du processus électoral.
AUX MISSIONS DIPLOMATIQUES :
d’exhorter le Gouvernement au respect du jeu démocratique ; lui rappeler ses engagements en matière des droits humains ; de mettre fin aux pratiques d’intimidation et de terreur contre les journalistes, les activistes et les acteurs politiques.
« La République du Congo ne peut pas se permettre une élection sous tension et sous bâillon », a conclu le Consortium, qui appelle au sursaut démocratique avant qu’il ne soit trop tard.
©️MALANDA & PANORAMIK ACTU.